Abstract |
Les lésions de l’hypothalamus et l’altération de la signalisation de la voie du récepteur de type 4 aux mélanocortines (MC4R) résultant souvent d’une intervention chirurgicale ou de rayonnements reçus dans le cadre du traitement d’une tumeur bénigne, peuvent entraîner une obésité hypothalamique (OH). Suite à cette lésion, une prise de poids soudaine et des changements du comportement alimentaire ne répondant pas aux traitements existants apparaissent. Setmélanotide, un agoniste de MC4R, est approuvé pour le contrôle du poids et la régulation de la faim chez les patients présentant certains déficits génétiques associés à la voie de MC4R. Nous rapportons les résultats intermédiaires d’une étude de phase 2 évaluant setmélanotide dans le cadre du traitement de l’OH (NCT04725240). Des patients âgés de 6 à 40 ans ayant un indice de masse corporelle (IMC)≥95ᵉ percentile (pour les enfants de 6 à<18 ans) ou≥35kg/m² (pour les adultes≥18 ans) et une OH causée par une atteinte hypothalamique structurelle à la suite d’un crâniopharyngiome ou d’une autre tumeur cérébrale bénigne, d’une résection chirurgicale et/ou d’une chimiothérapie ont été inclus. La dose de setmélanotide a été déterminée en fonction de l’âge, avec 2 à 4 semaines d’escalade de doses, puis 12 à 14 semaines à la dose thérapeutique de 3mg une fois par jour. Le critère d’évaluation principal était la proportion de patients obtenant une réduction≥5 % de leur IMC à la semaine 16. L’un des critères d’évaluation secondaires clés était la proportion composite d’enfants présentant une réduction≥0,2 point du score Z de l’IMC et d’adultes présentant une perte de poids≥5 %. La faim a été évaluée quotidiennement à l’aide d’une échelle d’évaluation numérique, où 0=aucune sensation de faim et 10=sensation de faim la plus importante qui existe. Onze patients ont été inclus (âge moyen à l’inclusion [écart-type ; intervalle] : 14,6 [4,8 ; de 6 à 23] ans ; IMC moyen à l’inclusion [écart-type] : 38,7 [5,7] kg/m²). Tous les patients (IC à 90 % : [76,2 % ; 100 %]) ont présenté une réduction≥5 % de leur IMC (p<0,0001) ; 81,8 % (IC à 90 % : [53,0 % ; 96,7 %]) ont présenté une réduction≥10 % de leur IMC (p<0,0001). La variation moyenne (intervalle) de l’IMC était de −17,2 % (de −37,2 % à −6,7 %). La variation moyenne (écart-type) de l’indice de faim était de −2,7 points (2,6). Les effets indésirables fréquents incluaient des nausées (63,6 %), des vomissements (45,5 %), des diarrhées (36,4 %) et la COVID-19 (36,4 %). Deux patients ont arrêté le traitement en raison d’événements indésirables. Ces premiers résultats justifient la poursuite de l’étude du setmélanotide dans cette population dont les besoins médicaux non satisfaits sont élevés et pour laquelle il n’existe aucun traitement approuvé. |