Abstract |
La sclérose latérale amyotrophique (SLA) est une pathologie neurodégénérative rare, d’origine inconnue, de pronostic sévère, sans traitement étiologique. Sa prise en charge repose essentiellement sur un accompagnement pluridisciplinaire comprenant une prise en charge et un suivi nutritionnel régulier. L’objectif de cette étude a été d’évaluer les facteurs prédictifs, notamment nutritionnels, de l’apparition d’évènements graves chez des patients atteints de la SLA. Cette étude a concerné 114 patients atteints de la SLA, avec 43,2 % de forme bulbaire ; 56,8 % de forme spinale ; 56,3 % sont des hommes et l’âge moyen est de 67,5 ans. La durée moyenne de suivi est de 12 mois à partir de la pose du diagnostic. Nous avons relevé la survenue de troubles de la déglutition, la mise en place d’un soutien nutritionnel voire d’une gastrostomie, ainsi que la survenue d’un évènement grave (pose de VNI, hospitalisation, réanimation, décès) ou d’une aggravation de l’état musculaire pour chacun des patients. Enfin, pour les différentes visites (V1, V6M, V12M), nous avons également relevé l’IMC, le pourcentage de perte de poids survenu entre 2 visites et l’albuminémie. Sur le plan statistique le test-t a été utilisé afin de comparer les variables quantitatives, le test du χ² pour comparer les variables qualitatives. Une régression logistique uni et multivariée a été réalisée afin de rechercher d’éventuelles corrélations entre l’apparition d’évènements graves ou l’aggravation de l’état musculaire et les paramètres nutritionnels. Les résultats concernent 114 patients à V1, 112 patients à V6M et 84 patients à V12M. L’IMC moyen est de 25,5kg/m² à V1, 25,17kg/m² à V6M et 25,16kg/m² à V12M. Une aggravation de l’état clinique à V12M concerne 59 (70,3 %) des 84 patients suivis, avec la survenue de 19 (22,7 %) évènements graves dont 13 (15,5 %) décès et 40 (47,6 %) aggravations de l’état musculaire. En analyse univariée, l’apparition d’un évènement grave à V12M est corrélée à la présence de troubles de la déglutition (OR=5,28 ; p=0,007), à l’existence d’une perte de poids (OR=1,08 ; p=0,019), à la présence d’une gastrostomie (OR=4,29 ; p=0,037) et à la présence d’un soutien nutritionnel (OR=4,78 ; p=0,007). L’âge, le sexe, la forme de SLA et l’IMC ne semblent pas être contributifs. En analyse multivariée, seules la présence d’un soutien nutritionnel à V1 (OR=15,57 ; p=0,002) et la survenue d’une perte de poids à V12M (OR=1,14 ; p=0,002) demeurent significativement corrélés à l’apparition d’un évènement grave à V12M. Nous n’avons retrouvé aucune corrélation entre l’aggravation de l’état musculaire des patients et les différents paramètres étudiés. En conclusion, notre étude confirme le caractère délétère de la survenue de trouble de la déglutition ou d’une perte de poids au cours du suivi de patients atteints de la SLA avec une survenue plus importante d’évènements graves dont des décès. Ces facteurs nutritionnels représentent donc des facteurs de première importance à prendre en charge pour améliorer la survie des patients et méritent une attention toute particulière de la part des équipes soignantes. |